Quatorze jours de quarantaine. C’est le temps de l’incubation du coronavirus. Pendant cette période, on ne bouge pas. C‘est une demande des autorités de Pékin. Des agents du bureau administratif de ma résidence ont frappé à toutes les portes vendredi dernier pour demander qui avait séjourné à Wuhan et dans sa région. Et cas de réponse positive, ils ont relevé les identités et les numéros de passeport, en demandant à ce que l’on reste chez soi.
« Un ou une confinée a voulu sortir faire un tour »
Ces mesures peuvent paraître radicales. En tout cas, moi je m’y astreins. Faute de vaccin ou de tests pour mesurer une éventuelle contamination avant l’apparition des premiers symptômes, cette mesure doit permettre d’éviter de nouvelles contagions. Il n’y a plus de secret médical dans un moment pareil, surtout qu’à la crise sanitaire s’ajoute la psychose. Un confrère photographe vient de poster une vidéo sur Twitter.
Une personne confinée a voulu sortir faire un tour, semble-t-il. Des agents en combinaisons de protection blanches l’ont aussitôt rattrapé et invité à rentrer à la maison.
Tout cela fait un peu d’animation, car quand on regarde par la fenêtre, il n’y a pas beaucoup de monde en ce moment. Les voisins expatriés comme les voisins chinois ont prolongé leurs vacances vu que les établissements scolaires sont fermés. La plupart des magasins aussi. Heureusement on a quelques réserves : j’avais commandé 10 kilos de riz, j’ai des surgelés, des légumes. Et on attend.
« En cas de fièvre, les combinaisons blanches débarqueraient »
Côté santé, on s’auto-surveille. On prend sa température très régulièrement. Au début, je mettais même deux thermomètres, un sous chaque bras c’est pour dire !
De toute façon, si on n’y pense pas, on y pense pour vous. La responsable de la résidence m’envoie des messages sur WeChat matin, midi et soir pour me demander si j'ai de la fièvre, si je tousse, si j'ai des problèmes pour respirer. Je m’étais fâché avec elle récemment pour une histoire de travaux, là, je peux vous dire qu’on est réconciliés. Vu qu’on est isolé, ces messages quotidiens font presque du bien.
Et en cas de fièvre, m’a-t-elle expliqué, les combinaisons blanches débarqueraient et m’emmèneraient à l’hôpital. Prendre des risques, ça fait partie du métier. On est là pour témoigner quand quelque chose se passe. Mais pas question de partager les risques avec la famille, que j’ai envoyée à l’étranger.
Quatorze jours, c’est long, c’est même une éternité. Alors pour passer le temps, on travaille un peu, on regarde des séries et on fait des puzzles… ceux de mon fils.
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